Mois: décembre 2015

épiphanie (suite)

Oui, il m’arrive de faire mon Caliméro plus souvent qu’à mon tour. Or, il y a quelques semaines à peine, je fus cueillie. Joliment cueillie. J’avais raconté à quelques étudiants ma « découverte » de la pomme de terre (épiphanie du 7 juin). Et puis le dernier jour de classe, ce ne sont pas des fleurs que je reçus comme cadal…

 

 

Qui es-tu, toi ?

DSC06264

J’entends pas…

DSC06258

Monsieur qui ?

DSC06259

Ah ! Monsieur Pomme de Terre !

Enchantée, moi, c’est Pomme. Tout court.

DSC06261

Oui, je sais lire, pourquoi ?

DSC06260

Tu sais, Monsieur Pomme de Terre, tu es ici chez toi.

Enlève donc ton chapeau

DSC06262

mirage syndrome

 

Pas ça d’imagination. Que dalle. Jusqu’à hier.

Il me restait des boulettes de viande « recette suédoise » que je pouvais faire cuire dans une poêle et avec une poignée de légumes, ça devait ressembler à quelque chose. Peut-être étais-je contrariée. Sans le vouloir, une étudiante me privait d’une soirée avec des amis, je croyais avoir digéré le truc mais j’étais dans le mécontentement. Après le départ de la jeune fille satisfaite de mes explications sur l’emploi du subjonctif, je prépare ma poêlée quand soudain ça me dégoûte. L’odeur m’insupporte. Vite, ouvrir la fenêtre, tenter de se raisonner. La dernière fois, c’était très bon, ces boulettes suédoises – avec de la confiture et des pommes de terre, avec du poisson aussi et du concombre mariné dans du vinaigre blanc. Ça sent ce soir la chasse, la bête traquée. Il y a du cerf là-dedans, c’est sûr. Je suis en train de manger Bambi.

Malade toute la nuit. Au matin, je n’y tiens plus. Qu’y avait-il dans la composition ? Du daim ? De la belette ? Du renard au moins ? Je lis écrit en tout petit : bœuf + porc = zéro gibier.

Rien n’est perdu pour moi. Vois, l’imagination qui commence à poindre le bout de son andouiller.

 

DSC06248

Ou alors je perds la boule ?

En attendant, j’arrête la viande quelque temps.

Noël en décembre

 

Toute petite, me suis retrouvée dans un cirque, chapiteau et tout. N’oublierai jamais la blague du clown : un escargal, des escargots. Magique ce fut. Depuis, fatal, j’accommode. Je viens de recevoir un très beau cadal.

 

DSC06167

voire des cadals

DSC06165

comme si c’était Noël !

DSC06166

Comment ça, c’est Noël ? On ne me dit jamais rien, à moi

DSC06169

Alors, là, c’est tout Camille, ça

DSC06168

Nan nan, c’est pas un autoportrait

DSC06164

Là, en revanche…

DSC06170

Heureusement, il y a souvent un happy end

l’art à la rescousse

 

Quand José s’est levée en pleine nuit, elle a senti de l’eau sous ses pieds. Un tapis liquide. Les radiateurs avaient explosé sans qu’elle entende rien.

Il a fallu passer la moitié de la nuit qui restait à remplir puis vider des bassines d’eau marronnasse, appeler les services compétents, attendre dans une odeur de moisissure. Ça sent encore et regardez, ce n’est toujours pas sec.

Elle me confie plus tard. Une seule chose m’a sauvée de l’extrême ennui de la situation, le souvenir de Max Ernst. Oui, l’espace d’une seconde, dans le noir, je me suis retrouvée dans un tableau de Max Ernst.

 

DSC06117

 

Une semaine de bonté

sérieux (manque de)

 

Paris était vide aujourd’hui. Vide vide vide. Une nouvelle cruciale à révéler à la terre entière et la ville est vide. Un post salvateur à poster au plus tôt car il console de tout, il nous consolera de tout. Seul grain de sable, l’illustration précise qu’il nécessite. Or, les bibliothèques sont vides, les librairies pourtant pleines de beaux-livres sont vides pour moi. Quand je m’enquiers, la tête des libraires se vide d’un coup. On doit parfois se rendre à l’évidence romantique. Un seul Ernst vous manque et tout est dépeuplé.

 

DSC05400

patience et longueur de temps…

docteur Jivago syndrome

 

Un jour, je le sais, je monterai dans un tram. Il m’aura reconnue et couru après. Trop tard.

– Mais c’est l’inverse !

Attends, c’est pas fini. Il sentirait soudain comme un coup de poignard dans sa poitrine et porterait la main sur son cœur avant de s’écrouler.

– Mais c’est son col de chemise qui le serre !

Attends, c’est pas fini. Il relèverait une dernière fois la tête en direction du tram qui s’éloigne et prononcerait mon nom avec ses yeux.

Là, c’est fini.

Et je ne le saurai jamais.

énigme

 

Nous l’avons tous été. Pas un jour sans que j’y pense. Tout m’y ramène. Que s’est-il donc passé. Je croise un vieux ronchon, une vieille chafouine et je me demande, était-elle déjà chafouine, et lui, déjà ronchon, depuis toujours ? La digne vieillarde à la voix de crécelle dans le bus – elle commente les minutes, elle nous crucifie – n’a pas toujours été comme ça. C’est pas possible. Ou alors si ?

 

hg

 

Et nous. La plupart d’entre nous étions des timides. La bande des timides. On dit de Laforgue, timide à la limite de la timidité, qu’il avait des mines de prêtre. Et Nicolas de Staël. J’y reviens toujours. Comment étais-tu avant ? Comment étais-tu, bien avant  de te jeter par la fenêtre, le petit Nicolas de Staël ?