Pas ça d’imagination. Que dalle. Jusqu’à hier.
Il me restait des boulettes de viande « recette suédoise » que je pouvais faire cuire dans une poêle et avec une poignée de légumes, ça devait ressembler à quelque chose. Peut-être étais-je contrariée. Sans le vouloir, une étudiante me privait d’une soirée avec des amis, je croyais avoir digéré le truc mais j’étais dans le mécontentement. Après le départ de la jeune fille satisfaite de mes explications sur l’emploi du subjonctif, je prépare ma poêlée quand soudain ça me dégoûte. L’odeur m’insupporte. Vite, ouvrir la fenêtre, tenter de se raisonner. La dernière fois, c’était très bon, ces boulettes suédoises – avec de la confiture et des pommes de terre, avec du poisson aussi et du concombre mariné dans du vinaigre blanc. Ça sent ce soir la chasse, la bête traquée. Il y a du cerf là-dedans, c’est sûr. Je suis en train de manger Bambi.
Malade toute la nuit. Au matin, je n’y tiens plus. Qu’y avait-il dans la composition ? Du daim ? De la belette ? Du renard au moins ? Je lis écrit en tout petit : bœuf + porc = zéro gibier.
Rien n’est perdu pour moi. Vois, l’imagination qui commence à poindre le bout de son andouiller.
Ou alors je perds la boule ?
En attendant, j’arrête la viande quelque temps.