Mois: janvier 2015

le grand a

 

Cela n’est pas naturel, non. Hors-la-loi c’est. Je dois y être pour quelque chose. Accepté tous les remèdes prescrits, absorbé toutes les vitamines, tous les remontants. Or, il s’obstine. C’est ma faute, c’est sûr. Je me connais. S’il s’en allait tout de bon, mon tout petit, mon attentif, mon blond, mon charmant, mon délicat, mon fidèle (deux semaines, déjà), mon frémissant, mon faiseur de nuages et d’hébétude, mon adorable rhume, je lui en voudrais à mort. Alors comme ça, toi aussi, tu m’abandonnes ?

Atchoum.

 

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la belle Hortense et le beau Frédéric

Oyez, oyez !

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Plus que deux jours et deux nuits

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Nan !

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Si !

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pour aller voir les toiles de Frédéric Faure 

tellement plus belles en VRAI

(ci-dessus, Remparts du couchant, détails)

et en plus, on peut boire des coups avec l’artiste

exposition Paysage Magnani

La Belle Hortense

bar librairie ouvert jusqu’à deux heures du matin

31 rue Vieille-du-Temple, 75004 Paris

01 4804 7160

site du peintre : faurepaintings.blogspot.com/

du côté de la rivière

 

J’en connais qui vont pêcher, le dimanche à l’aube, du côté de la rivière qui mousse. Bortch en fait partie. Ça mord bien là-bas, paraît-il. Peu importe l’heure, le temps, la lune, même pas besoin d’appâter, les poissons font pas de manières, ils sont pas compliqués, on peut même gueuler ou sauter sur la berge, si on veut, ça les dérange pas, au contraire. Et si on n’a rien à piquer au bout de son hameçon, c’est pas grave non plus, faut pas s’en faire. Il suffit de mettre sa ligne à l’eau et dans les secondes qui suivent, le bouchon plonge immanquablement. Ils sont pas plus stupides qu’ailleurs, les poissons, c’est pas ça, tout ce qu’ils veulent, c’est qu’on les sorte de l’eau, qu’on les tire de là.

 Joël Egloff, L’étourdissement

santé, Souley

 

souley

On se croit fille unique jusqu’au jour où on croise son petit frère dans le déambulatoire de Nanterre. Dix-neuf ans plus tard, petit frère s’endort dans un café pour ne plus se réveiller. J’étais au Japon. Ne suis jamais redevenue fille unique. Comment dit-on, quelque chose comme orpheline de frère ?

Je n’aime pas le 28 janvier.

du propre

N’empêche que ça en arrange bien certains… Vous dites ? Je dis que le malheur des uns… Non, vous voulez pas dire, vous voudriez pas… Comme je vous le dis, non mais demandez-vous un peu à voir à qui le crime profite ? Il avait pas d’assurance, Kai-san ? Qui vous parle d’assurance, je vous cause crime, moi, Madame, et crime avec prémonition encore, faudrait avoir des ornières pour rien voir ! Mais à qui à qui ? Eh bien disons qu’un certain propriétaire aurait eu des idées de parking au lieu d’un repaire à communistes, je dis ça, j’ai rien contre Kai-san qu’a toujours été un bon ptit gars… Un parking à voitures ? Évidemment, pas un parking à chevaux, vous avez bu ou quoi, un truc qui paie… C’est quand même une drôle d’idée ça, un parking… Enfin je dis ça, c’était peut-être bien un building qu’il voulait construire à neuf avec tout le bazar moderne, est-ce que je sais, est-ce que je vous parle, où en étais-je, oui, laissez-moi vous dire que ça date pas d’hier leurs bisbilles, bref, ce que j’en dis c’est que ça l’arrange bien, matériellement parlant, je veux dire, le propriétaire. Alors vous pensez que… Bon, c’est pas le tout mais j’ai ma comète sur le feu, moi, Madame, bien le bonjour.

 

mami

©KAI Fusayoshi

lettre à Kai-san

Cher Kai-san,

親愛なる甲斐さん

Je n’arrive pas à croire, et ne suis pas la seule,

まだ信じられない、私だけじゃないと思うけど

que Honyarado

ほんやら洞が

honyarado

ait brûlé,

焼けてしまったなんて

comme ça, au petit matin,

いとも簡単に、夜明けに

café brûlé

焼けたカフェ

pas mort d’homme

死者なし

mais bel et bien mort de négatifs

でも確かにネガを失った

mort de tirages

プリントを失った

mort de toute une partie de ta vie photographique

貴方の写真生活の大部分を失った

Je me souviens

思い出す

que c’est à Honyarado

それはほんやら洞だった

qu’avait eu lieu la première de Jellyfish, projeté en 8mm

ジェリーフィッシュの最初の8ミリ上映は

– la gloire, pas moins

とても名誉なこと

Honyarado, c’était le jour

ほんやら洞は昼

Hachimonjiya, la nuit

八文字屋は夜

il nous reste la nuit, pas vrai

もう夜しか残っていない、のですね

 Je pense à tous les kids

子供達を思う

kid serviette

grâce à qui

彼らのおかげで

kid ete

c’est toujours l’été

いつも夏

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à toutes les belles

美女たち

bijin2

  les très-belles

凄い美女たち

bijin

clic !

カシャ!

à toutes celles

彼女たち

dames

tous ceux

彼ら

jeu de go

 qui vivent pour toujours

永遠に生きている

velo kai

dans tes livres de photo

貴方の本の中で

pecheur kai

même si

たとえ

vieux

la vie n’est pas douce

人生は甘くなくても

povret

tous les jours

毎日

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loin de là

それどころかはるかに厳しい

et puis aux chats

そして猫も

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Ryotaro me dit

リョウタロウが言う

ryo

que tout le monde va bien s’occuper de toi.

みんな甲斐さんの面倒をみるよと

Du coup, je me demande un peu ce que je fiche ici,

そこで私はちょっと考える、私はここで何をしているのだろう

au lieu d’être à Kyoto avec vous.

貴方たちと一緒に京都にいないで

trad. Sae et Sylvain Cardonnel

© Kai Fusayoshi

kaisan