Mois: décembre 2014

parallaxe

 

Premier cours de physique. La professeure est une jeune femme pleine d’entrain aux cheveux courts, noirs et bouclés. Elle nous donne comme devoir d’aller regarder l’heure à l’horloge de la mairie, en nous plaçant tantôt à gauche, tantôt à droite. Nous hochons la tête, dociles. Puis lui demandons. Oui mais les devoirs, c’est quoi ?

 

kfe tonfu

 

travaux d’entretien

 

Changer ses habitudes, tout est là. On peut apprendre par cœur des passages de La recherche, se mettre au finnois, s’initier au shamisen, suivre des cours de cuisine thaï, acquérir un vivarium, s’intéresser à la technique du boulier, perfectionner son trictrac. Ou bien ouvrir un polar islandais, un soir. Au matin, tenter de se rappeler qui est Sigurdur Oli, et Erlendur, et Elinborg déjà, et Matthildur, et Valgerdur, qui est homme et qui est femme et un émetteur ? Quel type d’émetteur ? demanda Erlendur. Vive le polar islandais (L’homme du lac, Arnaldur Indridason, excellente traduction d’Éric Boury).

 

 sorin

Ou alors un boulier.

extérieur jour

 

Il suffit de prendre une rue, Péguy ou non, baignant dans certaine lumière, pour se sentir dans un film, l’espace de quelques secondes, qui nous seront comptées. Subite nostalgie de Simon de la Brosse qui imaginerait sûrement quelque chose à faire en ce cas, lui qui savait qu’un simple mouvement de caméra sur des assiettes lors d’un dîner pouvait faire deviner au spectateur qui était amoureux et qui ne l’était pas.

Rackham Le Rouge

 

Le gros sac noir opaque pèse des tonnes. On a quoi déjà, on a oublié, quelques films, quelques coffrets, le théâtre complet de Thomas Bernhard, une monographie sur Hundertwasser, une biographie de Robespierre, mal aux deux bras. C’est toujours comme ça, au retour de la bibliothèque. Le butin du siècle.

 

foie de lotte

le tram des quartiers modestes

 

Il est si beau, si doux, si vert, le gazon où roule le tram des quartiers modestes, que je ne comprends pas comment on peut jeter quoi que ce soit dessus, au lieu de le peigner quand on a deux minutes. Je me dis parfois que ce sont les habitants des quartiers aisés qui passent la nuit quand tout le monde dort, et renversent leurs poubelles sur le tapis de verdure, par jalousie.

 

DSC08553

couleurs du temps

 

Maintenant que j’y pense, oui, un problème avec le temps j’ai (la grammaire aussi mais plus tard, s’il te plaît, chaque chose, tout ça). Ne s’agirait pas de l’arrêter, non. Ni de le capter, de l’empêcher de filer, quoique. Pas question de prise, d’emprise. Mais question de lui et de moi. On s’entend si bien parfois, lui et moi, ça coule de source. Il est vert et brun avec de l’ocre et de la rouille parfois, oui il ressemble à un jardin, parole. Les oiseaux viennent s’attarder quelques minutes avant de reprendre leur vie ailée. Et puis d’un seul coup, l’extérieur et patatras, adieu, le temps, à bientôt, hein ? Tu reviendras, dis ? Le temps et moi, quelle histoire.