Mois: juin 2016

Eugène

 

 

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Il est où, Eugène ?

Je comprends pas, il était là il y a deux minutes

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Il ne s’est pas senti bien

est allé s’allonger

il est désolé, tu sais

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C’est vrai ?

C’est trop dommage,

j’avais apporté mon Bufo bufo bufo

~

mercredi 29 juin

Les Traversées

2 rue Édouard Quenu

75005 Parisse

 

comme si c’était hier

 

Je me souviens que pour ce plan

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il fallait que rien ne se passe.

Absolument rien.

Aura suffi que je dise Action !

pour que, fatal, passe un ferry

surgi de nulle part.

Des plombes  on a attendu qu’il disparaisse.

~

~

Après, ce furent les oiseaux.

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Si, je te jure,

des oiseaux,

une multitude.

Par vagues.

~

~

Il en va toujours ainsi quand pour une fois,

la seule fois de ta vie,

tu as envie que RIEN ne se passe.

 

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Jellyfish, film 8mm, 80mn, 2003

Philippe de Macédoine

 

Les études m’ennuient peut-être un petit peu. Et si je reprenais le théâtre. Aux cours de la rue Henri-Monnier, je croise un Philippe beau comme un désastre que je renomme derechef Philippe de Macédoine. Le professeur nous conseille d’assister à l’atelier cascades, ça doit savoir tout faire un acteur. Je suis pas une actrice et ai une préférence pour les claquettes mais Macédoine y va. À la première roulade, mon crâne fait un bruit sec sur le plancher. Un certain nombre de chandelles plus tard, Macédoine est près de moi, T’es folle ? Ça va ? T’es pas KO ? – Si, de toi, depuis le premier jour, ne lui dis-je pas.

 

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Un béguin, quoi !

Quelques semaines plus tard, une confidente s’enquiert. Alors, Macédoine ?  – Oh, c’est de l’histoire ancienne, tu sais.

 

flashback

 

Un peu violente la piscine de ce midi. Rien à voir avec 2009, quand les eaux étaient plus douces malgré la dépression. La preuve, quelques pages retrouvées :

À peine disparu que le voilà à l’autre bout du couloir, vous regardant de ses yeux étonnés – non mais qu’est-ce qu’elle fout encore de l’autre côté, j’y crois pas – et en quelques secondes, le revoilà tout près. J’ai beau essayer, je ne peux le suivre, mais il m’attend gentiment, ce charmant dauphin tout plein de patience – et de sapience.

[un peu plus loin]

Mon dauphin-pilote piaffe déjà de tout son être quand je pénètre dans l’eau. Au bout d’une quinzaine de longueurs, il m’attend, je lui dessine en l’air le petit signe rituel de l’Après vous je vous en prie, il y va, je le suis. Il a cette fois plongé très en profondeur, effectue des rouleaux impeccables, revient à la surface pour mieux replonger, je le suis donc cette fois sans peine, nageant comme à travers un efferalgan géant – comme c’est joli. Une autre en conclurait qu’il donne là une leçon de natation, Prends-en de la graine, apprentie dauphine, c’est ainsi qu’il faut faire, user tout son potentiel, trouver des figures inédites. Moi, je ne vois là qu’hommage à ma personne, parade nuptiale à moi dédicacée. Pauvre fille.

 

 

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palinodie

 

Il me casse les oreilles. Il m’incommode. Cette manie aussi que j’ai en ce moment de lire dans le métro. Ma station s’approche, je referme le bouquin, fais quelques pas en direction de la porte. Il est juste devant, avec son accordéon implacable. Le métro ralentit. Je me jure intérieur de foudroyer l’envahissant avant de sortir et.

De vastes yeux clairs qui ont tout vu me dévisagent, au milieu d’une figure fatiguée mais vaillante. Des yeux qui pétillent de quelque chose aussi. L’idiote du village rengaine sa hargne et laisse venir aux lèvres un sourire qui n’attendait que ça. Oui, nous nous sourions franchement, l’emmerdeur public et moi. Nous aurions pu aller boire un verre ensemble (champagne ?), il m’aurait raconté sa vie, tout ça. Tu y comprends quelque chose ?

 

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