clic

béguin de presqu’hiver

 

S’il est pâlot

c’est pas une lope

c’est mon idole

il s’appelle Paul

*

Et quand il est pas là,

jte dis même pas

 

Car à part lui écrire des poèmes, tenter de le prendre en photo quand il ferme les yeux, concentré sur son impro trompette, que veux-tu faire, mon amie – paraît que je suis ma meilleure amie comme tu es ton meilleur ami, le meilleur ami de chacun c’est soi-même – de ce beau damoiseau aux faux airs de John Hurt bien avant Elephant man, ou bien je rêve.

Clic.

chevron days

 

J’avions un chevron comme ça. Un bon vieux paletot d’hiver à chevrons noir et blanc, mais sans revers aux manches. Le chevron de base. Je le portais presque tout le temps, cet hiver-là. La porteuse de chevron devant moi est fine. Elle nage dans son chevron.

Je me souviens qu’une fois, en revenant de chez Gus, je marchais un peu en crabe, avec l’impression d’avoir fait du cheval toute la journée – je l’aimais bien Gus, mais sans être amoureuse. Mon chevron était là pour me tenir chaud et compagnie et murmurer Tu vois, tout va bien, on n’en meurt pas. La jeune fille quitte la rame, envolée.

Adieu, chevron.

Clic.

de l’autre côté

 

Quand ça ne va pas plus que ça, j’ai un truc, je te le donne, je vais faire un tour de l’autre côté. De l’autre côté du pont – parce que par chez moi, il y a un pont, c’est pratique pour aller de l’autre côté. Et là, ça ne rate jamais, de l’autre côté, c’est mieux, les couleurs, tout. Ça donne envie de prendre des photos. Oh, le bébé sapin abandonné, clic. Oh, les bagnoles en bas, comme elles vont vite, clic. Oh, les poubelles qui volent au vent, quelle poésie, clic. Et puis de l’autre côté, la pluie te flingue pas pareil.

Clic.

côté jardin, again

 

Il est légèrement bombé, posé sans façon sur un accoudoir de la bergère – pour moi, c’est une bergère (voire une marquise de jardin) même s’il manque le dossier. Il a l’air jeune. Il pleut ou il fait soleil. Il repose. À l’abri de la pluie, du soleil. C’est tout ce qu’il a trouvé, ce coin de terrasse. C’est tout ce qu’il demande. Et moi aussi.

Clic.

« apparition »

 

Elle souriait today, dans la rue et dans le soir, avec du soleil aux cheveux, et des fleurs dans les mains, les distribuant tout autour d’elle, métro Alésia. Elle allait m’en tendre une puis se ravisa, m’offrant son dos en guise de sourire. Clic.

J’y pense, ce n’étaient pas des fleurs mais des tracts, pour Asselineau.

gros plan

 

C’est exactement elle. Elle a la tête un peu penchée qu’elle soutient de sa main droite. Elle a l’air penseur, légèrement étonné, l’air d’une petite fille studieuse qui planche sur un problème de racines carrées et cherche l’inspiration. Sous ses lunettes, son œil droit est concentré sur l’écran de la télé tandis que le gauche, tout en regardant dans la même direction, vague ailleurs. Elle est si jolie avec ses cheveux blancs. Je le lui ai dit tout à l’heure et ça l’a fait rire aux éclats. Elle porte, ça se voit sur la photo, une robe-blouse bleue à pois blancs et comme ça ne suffit pas, il y a aussi des tulipes roses.

Une infirmière m’a appris un mot. Votre Nounou, elle est douloureuse. Pour l’heure, elle semble paisible.

Clic.

miro

 

Tout va bien, se dit-on. Il fait beau, décidément beau. Non seulement on se le dit mais on le sent. Et puis à l’arrêt du 61, on s’étonne un peu de lire à la devanture d’un opticien

Ici

VÉRIFICATION

DE LA VIE

(sur rendez-vous)

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Clic.

DSC07525

Josef Sudek