Mon professeur de vie s’appelle José. Brigitte Fontaine lui ressemble comme deux gouttes de thé.
José m’a appris les vices et vertus des fruits et légumes – quand j’ai su le rôle de la carotte, le jour-même je suis morte.
Elle m’apprend la beauté de certains opéras, que la fidélité existe, anche la generosità.
Elle ne va plus que de loin en loin chez son boucher depuis qu’il a exhibé sur sa porte Ici garanti non halal et soupire, Si sa viande n’était pas si bonne, je n’irais plus du tout.
José peut dire sans rire C’est vieux comme mes robes car ses robes datent vraiment de Mathusalem.
José m’a appris à réciter, par nuit de quartier de lune particulièrement remuant,
Croissant, beau croissant, je te salue
Croissant, beau croissant, je te salue
Croissant, beau croissant, je te salue
après quoi on peut faire un vœu avec de raisonnables chances qu’il soit exaucé.

José m’apprend aussi les dures choses de la vie. Comme je n’avais plus de mots après les attentats de Tunis, elle m’a dit Nous sommes en guerre.