Mois: avril 2015

espace L

 

zio

On aurait pu se douter

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en se posant à Espace B

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qu’il y avait anguille

wil

Wilfried* a chanté La langue des oiseaux

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son perchoir changeait de couleur

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au fil des airs

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Manuel Bienvenu  a chanté  Landscape deux fois (la seconde, speed)

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très ailé

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Paul-Marie Barbier a dit d’accord

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 aérien

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moments trop vite envolés

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Wilfried*

Manuel Bienvenu

Espace B

16 rue Barbanègre

75019 Paris

mercredi 29 avril

Dieu existe (il est blonde et il a les yeux verts)

 

Je déchausse. J’en ai marre. Je m’assieds à côté de mes skis. Tout est froid. Au bout d’un moment, on vient. Qu’est-ce que tu fais là ? J’ai déchaussé.

La mono ne sait pas faire mon chignon. Ça ira comme ça, hein… Elle rigole ou quoi, j’ai beau n’avoir que cinq ans, je vois très bien que ça ne va pas du tout.

Un après-midi, on nous fait écrire des lettres à la famille, pourquoi pas. Je vais bien, je mange bien, je dors bien. C’est vrai et je sais l’écrire. Les cabinets senté movais. C’est vrai aussi, mais on confisque ma lettre. À la place, Mer recevra un mot de la mono Elle va bien, elle s’adapte au groupe et fait des progrès en ski.

Tu t’étais fait des amis quand même ? – Pas envie.

Pas UN seul bon souvenir ? – Si, une fois, je regarde des enfants jouer au tape-cul sur un tronc d’arbre. Ça sent la forêt, c’est tranquille, on est bien.

La colo ne dure qu’une semaine, j’ai l’impression que ça fait un mois entier. Enfin, un très beau jour, sur le quai de la gare, Mer vient me chercher. Elle va me ramener, j’y crois pas, elle va me ramener. Elle me confiera bien des années plus tard avoir eu l’impression qu’en la repérant au milieu des autres parents, j’avais vu Dieu.

interviou

 pfffff

 Dis-moi, Hodie,

quel est ton animal préféré ?

bof

On avait dit pas d’interviou

tumgonfles

Allez, quoi… l’animal que tu aimes le plus au monde

tumargarde

Tu as bu ou quoi ?

Sans rire, Michaux a écrit dans une lettre à Paulhan :

À 34 ans, à 34 ans seulement je découvre la seiche. Je l’adopte et j’ai cru comprendre après des heures et des heures de station devant elles qu’elles aussi m’adoptaient.

personne, jtedis

C’est beau, non ?

alors que la vie

Qui ça ?

kesskon avaidi

Pas mal…

pour personne

mais on avait dit pas d’interviou.

instants becquettiens

N – Prénom

Dans son école primaire, il y avait une deuxième Nina, extrêmement populaire.

C’est pourquoi elle, on l’appelait “l’autre”.

D – Surnom

Il était dans la classe supérieure de leur lycée.

Il était beau, distant, mais surtout il avait l’oreille absolue.

Il jouait de la guitare comme un virtuose.

Ils l’appelaient Dieu.

W – Prénoms

Tous les garçons asiatiques de l’école de mes enfants portent des prénoms très français ou anglais : Rémi, Philippe, William…

Ils ont un vrai prénom chinois mais refusent de le dire. C’est des malins, ils ont bien compris qu’une fois que l’on donne son véritable nom à son interlocuteur, celui-ci prend le pouvoir sur vous.

Il faut garder son nom secret.

Camille Becquet, Prénoms (et autres)

José-sensei

 

Mon professeur de vie s’appelle José. Brigitte Fontaine lui ressemble comme deux gouttes de thé.

José m’a appris les vices et vertus des fruits et légumes – quand j’ai su le rôle de la carotte, le jour-même je suis morte.

Elle m’apprend la beauté de certains opéras, que la fidélité existe, anche la generosità.

Elle ne va plus que de loin en loin chez son boucher depuis qu’il a exhibé sur sa porte Ici garanti non halal et soupire, Si sa viande n’était pas si bonne, je n’irais plus du tout.

José peut dire sans rire C’est vieux comme mes robes car ses robes datent vraiment de Mathusalem.

José m’a appris à réciter, par nuit de quartier de lune particulièrement remuant,

Croissant, beau croissant, je te salue

Croissant, beau croissant, je te salue

Croissant, beau croissant, je te salue

après quoi on peut faire un vœu avec de raisonnables chances qu’il soit exaucé.

 

moulinvert

 

José m’apprend aussi les dures choses de la vie. Comme je n’avais plus de mots après les attentats de Tunis, elle m’a dit Nous sommes en guerre.

 

Dragon Inn

 

Tellement indéfinissable parfois le goût de ce qui est roulé dans certain ravioli pékinois acheté à la va-vite un peu tard le soir que c’est à se demander ceuxé au juste. On a beau le grignoter dans une rue déserte et fraîche, on se retrouve au chaud sans prévenir, dans une taverne,  pas n’importe quelle cantine, le Dragon Inn, tenu par nulle autre que Maggie Cheung, la seule à savoir en quoi consiste la farce de ses dumplings. La Chine au temps de la dynastie Ming, en ce début de siècle, rien de moins. La vraie vie.

Si on a trop peur, oui, reste le végétal.