Mois: mai 2016

la vie

 

Je pense qu’une cicatrice, c’est quelque chose qui ne se referme jamais vraiment, qui peut se rouvrir à tout moment. Ce n’est plus douloureux mais c’est sensible.

C’est un point de faiblesse.

Camille Becquet, Cicatrices

 

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© Camille Becquet, Deux sœurs

camillebecquet.com

jdis ça jdis rien

 

Pourquoi écrire. J’en reviens toujours à Mathias – non pas le Mathias de l’enfance, le copain de mon cousin Olivier, Mathias avec sa peau de roux, je ne comprenais pas comment ça pouvait exister, ces délicieuses taches de son sur des joues de lait, c’était vraiment le seul du district, c’était la joie quand il « descendait » jouer avec nous. Jamais oublié Mathias.

Je voulais dire l’autre. Celui qui a tout compris de tout temps. N’en a pas moins mené une vie misérable, le prix pour avoir  tout compris. Que nous étions des perroquets, à répéter jour après jour les mêmes mots et, parfois même, à aimer ça – quand on dit Je t’aime, par exemple.

Pourquoi écrire. Peut-être, ça va froncer dans les chaumières, pour essayer de ne pas se répéter. J’entends les grondements contradicteurs, ça enfle, ça enfle. Ou alors, ou alors, avoir conscience de la répétition, le faire en toute conscience parce que pas moyen de faire autrement. Voilà, ça râle moins dans la salle ; ça se calme sous mon crâne.

 

atelier

la musique, quand même…

 

Je m’aperçois que je connais toutes les chansons alors que je ne sais pas grand-chose de Rodolphe Burger, sauf On n’est pas des Indiens, c’est dommage. Rodolphe Burger, Sabine connaît, elle. Elle me dit, Il a un côté Brando, en moins bien… Je fais pareil quand je ne veux pas dire à quel point quelqu’un me chavire. Elle se précipite dans la fosse aux lions pour danser comme une folle quand elle n’en peut plus d’être assise, je la suis sans me faire prier. Récemment, son fils Théo (10 ans) est allé parler à Rodolphe en personne au concert de Bertrand Belin et lui a dit : Je suis un de vos plus grands fans. J’aurais aimé être là.

Et puis je me souviens pourquoi je me trouve en terrain connu, c’est un hommage au Velvet, un vrai hommage. Bertrand Belin joue du violon sur Venus in furs. Sabine me dit, La musique, c’est quelque chose, quand même…

Enfin, comment dire, Theo Hakola est là. Chic.

Clic.

premier lavage

 

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J’ai un truc à te dire mais tu le gardes pour toi, oké ?

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Je sais pas trop par quoi commencer mais bon, tu vois le topo

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Elle … elle m’a lavé pour la première fois ce matin

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et avec sa vaisselle préférée, dis donc !

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Moi, je crois que c’est un signe.

~

Je dédie ce post à Malone

(alias Pierre)

qui a un an aujourd’hui,

Bon anniversaire, Malone !

remember

 

Parfois, perdant mon temps à me figurer le mécanisme de la mémoire, je me la représente comme un de ces immenses magasins que remplit une foule bourdonnante. Et les inspecteurs vous indiquent le rayon que vous cherchez, des employés attendent derrière leur comptoir, d’autres vont chercher sur les tablettes les articles demandés, tout cela marchant avec ordre et simplicité au milieu d’une épouvantable confusion apparente.

[…]

Quand nous sommes persécutés et obsédés par la recherche d’un mot que nous avons oublié, c’est que, inconsciemment, nous nous rendons compte que le mot a été inscrit et qu’il devrait apparaître. Le travail de recherche se fait à notre insu dans les fabuleux magasins, et voici que soudain on nous l’apporte.

Remy de Gourmont, Des pas sur le sable…

jouable ?

 

Elaine m’a conseillé de dresser la liste de tout ce que j’aimerais faire – de jouable – avant de partir pour de bon. Une bucket list, she says. Tout c’est beaucoup. Asteure :

– monter à cheval      (variante : monter à cheval au galop)

– savoir et voir OÙ dorment les oiseaux quand ils vont se coucher

– visiter le musée Gustave Moreau, Orsay, le Louvre… de nuit, d’autres nuits que Les Nuits blanches, sans presque personne

– visionner Où est Musette, le making-of de La vie de bohème de Kaurismäki (où, semblerait-il, Matti lit son texte en français sur le front de sa partenaire)

– comprendre quel animal je suis, appartenant à quelle espèce, rien n’est sûr

– poser pied en Afrique Noire, compliqué

– grandir (j’ai commencé)

 

lucky 2

© Camille Becquet

quelque chose

 

Ce Monsieur très chic, on a souvent quelque chose de très chic – ou de très ridicule – avec un chapeau noir, cheveux blancs bien coupés, un soupçon de barbe blanche, yeux gris-bleus. Adorable. Quelque chose d’un grand oiseau avec des chaussures de sport. Il a un livre entrouvert à la main, celle qui tient la barre du métro. Emily Dickinson ? Je suis à sa hauteur, essaie de lire le titre, pas facile. Et puis juste au moment où il quitte la voiture, j’y suis. CONJURER LA PEUR.

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