Mois: août 2016

miro

 

Tout va bien, se dit-on. Il fait beau, décidément beau. Non seulement on se le dit mais on le sent. Et puis à l’arrêt du 61, on s’étonne un peu de lire à la devanture d’un opticien

Ici

VÉRIFICATION

DE LA VIE

(sur rendez-vous)

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Clic.

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Josef Sudek

faire gogaille

 

Lors de mes patrouilles de reconnaissance je passais souvent devant une marchande de quat’saisons, une femme d’âge moyen, d’aspect ordinaire et au verbe coloré. Elle vendait essentiellement des petits pois. Un client qui après avoir goûté de cet article, s’en alla en haussant les épaules, sans avoir rien acheté, fut gratifié par elle de titres qui pour la variété et la qualité n’avaient rien à envier à ceux d’un souverain oriental. Et avec ça on peut voir tous les jours un vieux moineau se gaver en toute impunité, sans jamais être chassé, de ces mêmes petits pois, ouvrir les gousses et faire gogaille avec les grains, et jamais encore je n’ai trouvé le courage de demander à cette marchande de légumes si elle était veuve. Car il est tout simplement impossible de ne pas se dire : le moineau n’est ni plus ni moins que l’époux défunt de cette dame qui la revient visiter et – ô arcanes de l’inconscient – se fait nourrir par elle !

Albert Ehrenstein, traduit de l’all. par Claude Riehl et Sibylle Muller,

Tubutsch

 

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Josef Sudek

savoir dessiner

 

Ne sais à quoi je pensais quand je cherchais quelques images de Kyoto sur le net, tout à l’heure. Certainement pas à ça. Comment était-ce possible. Qui le « lui » avait dit.

Tu vois, c’est simple. Tu t’introduis dans le dessin parfait. Tu vas tout droit, tu dépasses la dame en kimono, tu n’as pas le choix, tu tournes à droite et voilà, c’est ma rue.

 

ma rue

ah là là

 

Le plaisir d’être deux sous le même parapluie. Ça nous rapproche et on se serre afin que chacun se sente bien à l’abri et au chaud à l’intérieur et puis. Les voix se font sourdes, comme seules au monde, l’une pour l’autre.

Et tôt ou tard la main de l’un prend le bras de l’autre. C’est mieux, n’est-ce pas, pour marcher ensemble et cette fois du même pas. Et par bonheur le bras ne se refuse pas. Il va même jusqu’à répondre avec chaleur. D’une pression, il accepte cette main. La retient.

Christian Gailly, Les oubliés

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jouer melon sur velours

 

Vous ne portez pas de lunettes ? L’eau ne vous fait pas mal, il y a de la javel là-dedans, quand même… Et le soleil ? Une seule réponse possible aux questions de la curieuse, J’ai les yeux veloutés. Que je gardai pour moi, n’allait-elle pas croire que j’avais le melon. Pourtant, vrai, c’est une naturopathe-iridologue qui me l’a appris au siècle dernier. J’étais allée la consulter car après une diète de 28 jours (me nourrissant exclusivement de jus de fruits), je commençais à voir venir des boutons sur la gorge, ce qui ne cadrait pas du tout avec mon programme originel. Elle examina mes yeux et le sort en fut jeté. J’avais les yeux de mon père, les yeux de l’Afrique, veloutés. Depuis que je le sais, je ne te crains plus, ô Soleil, ha ha !!!

 

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La javel, c’est une autre histoire.

t’as quel âge ?

 

Non mais regarde, regarde comme nous étions beaux ! m’avait dit Jean-Mo après avoir retrouvé des photos de sa jeunesse. Magnifiques, ses amis et lui, je les trouvai tels. Comment lui faire comprendre cependant, à Jean-Mo, que c’était le Jean-Mo rencontré sur le tard qui me chavirait. Les rides-du-lion, les pattes-d’oie, quelque chose de froissé dans le cou – des yeux fer qui avaient tout vu.

 

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Mon onc’  – feuilletons