Dans les toilettes du Backstage,
je m’attendions à trouver des messages assez orientés.
Or,
que des mots d’amour !
Témoignage. Je n’ai pas de sexualité. Cela fait de moi quelqu’un d’original. Partout je vois qu’il est question de sexe. Ce n’est pas mon genre. Le sexe, on vit très bien sans, il suffit de s’intéresser à des choses plus hautes, plus essentielles, plus spirituelles, si vous voyez ce que je veux dire. Vous ne voyez pas ? Très bien. N’en parlons plus. Personne ne voit jamais. J’ai l’habitude.
Philippe Adam, Les impudiques
N’importe quoi. J’avais égaré ma montre mais Sonia était avec Hubert qui caressait Jean qui embrassait Paul qui demandait à Lucille de lui pisser sur la tête, et ma montre était quelque part là-dedans.
Philippe Adam, Les impudiques
Le téléphone sonne. J’ai un pincement au cœur. Ce n’est pas vraiment le fait d’être dérangé maintenant qui me chiffonne, j’ai encore suffisamment de temps devant moi, mais si ce téléphone sonne, maintenant, c’est que j’ai commis une erreur. S’il sonne c’est qu’il est branché, malgré toutes mes vérifications, toute mon attention, toutes mes précautions – putain de merde – , ce téléphone, je l’ai oublié, ce qui aurait pu me coûter cher. Un téléphone qui sonne sans personne pour décrocher, c’est un téléphone qui chauffe, qui chauffe tellement que le bloc de papier, à proximité, se met à jaunir, doucement, à brunir, lentement, pendant que l’irresponsable qui est à l’autre bout insiste, insiste, et fait monter la température, jusqu’à ce que sur le papier, une petite flamme naisse, naïve, mais déjà avide de tout brûler.
Joël Egloff, Les ensoleillés
Ils sont là, partout. Ils infestent nos pages. Ils sont gros, gras et bleus. Si l’on m’avait dit qu’un jour, j’aurais à me battre contre les mots, j’aurions bien ri, j’aurions riposté Ben oui, puisque je veux écrire, eh petit pois ! Et voilà que mes hostilités se doivent déclencher contre les GROGRABLEUS. C’est eux qui ont commencé – cf Philomène 1907, boutiques
et merci
.
Du coup, il me faut en découdre avec eux, les GROGRABLEUS qui infectent nos pages. Sus aux GROGRABLEUS ! À moi, mon dictionnaire des mots rares et précieux ! Il me faut les duire et les réduire, les enduire de muscarine, les GROGRABLEUS qui fleurdelisent mes ptits mots et de là, les ridiculisent. Vite, mon écu et ma guiche !
Comment dire, c’est la guerre.
Comme si j’avais que ça à faire…
– Viens, il faut que je te montre quelque chose
-Oui mais après, on fait les boutiques
!
– Viens, je te dis…

– Oh là là, c’est qui ?
– Philomène elle s’appelle
– Elle est pas aidée…
– Tu veux une orange, mon biquet ?
– Non, je suis très bien comme je suis, merci
– Non mais regardez-moi ce tissu
– Non mais visez-moi ce travail
– Ah ! Si ça pouvait faire un jama !
– Un quoi ?
– Te fâche pas, Philo… quelque chose comme ça…