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mes compliments

 

Me suis retenue in extremis de dire à cette dame combien sa robe lui allait à ravir. Dans quelle mesure ces paroles auraient-elles vraiment pu lui faire plaisir, venant d’une qui ressemble à un sac – la satanée robe de piscine sans forme sans couleur sans rien.

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la nature et moi (ça fait trois)

 

C’est tombé sur ma main, ça a roulé dessus, c’était joli. Léger et blanc comme du coton c’était. J’ai gardé la main devant moi en marchant comme si je tenais un trésor… jusqu’à ce qu’agacé par tant de manières, le trésor me pince. C’est bien la première fois que je me fais piquer par un flocon de neige. En plein cœur de juillet encore.

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renardeau

 

Dieu qu’il était roux. Il s’inquiétait de l’heure, comptait mentalement les stations de métro. Tout était roux chez lui, les cheveux, la peau, les yeux, le cartable, et jusqu’à son papa. Il fronçait très légèrement les sourcils à cause des cinq minutes de retard qu’il calculait. J’avais envie de lui dire que moi aussi, j’étais à la bourre et que c’était pas grave. Pas si grave. Avec les yeux que tu as, mon vieux, franchement. Mais les enfants m’intimident. Ma station est arrivée. Il en avait encore deux à supporter. Deux minutes de retard de plus au compteur. On s’est regardés une demi-seconde, mais si tu m’apprivoises. Mon cœur s’est arrêté.

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la musique, quand même…

 

Je m’aperçois que je connais toutes les chansons alors que je ne sais pas grand-chose de Rodolphe Burger, sauf On n’est pas des Indiens, c’est dommage. Rodolphe Burger, Sabine connaît, elle. Elle me dit, Il a un côté Brando, en moins bien… Je fais pareil quand je ne veux pas dire à quel point quelqu’un me chavire. Elle se précipite dans la fosse aux lions pour danser comme une folle quand elle n’en peut plus d’être assise, je la suis sans me faire prier. Récemment, son fils Théo (10 ans) est allé parler à Rodolphe en personne au concert de Bertrand Belin et lui a dit : Je suis un de vos plus grands fans. J’aurais aimé être là.

Et puis je me souviens pourquoi je me trouve en terrain connu, c’est un hommage au Velvet, un vrai hommage. Bertrand Belin joue du violon sur Venus in furs. Sabine me dit, La musique, c’est quelque chose, quand même…

Enfin, comment dire, Theo Hakola est là. Chic.

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quelque chose

 

Ce Monsieur très chic, on a souvent quelque chose de très chic – ou de très ridicule – avec un chapeau noir, cheveux blancs bien coupés, un soupçon de barbe blanche, yeux gris-bleus. Adorable. Quelque chose d’un grand oiseau avec des chaussures de sport. Il a un livre entrouvert à la main, celle qui tient la barre du métro. Emily Dickinson ? Je suis à sa hauteur, essaie de lire le titre, pas facile. Et puis juste au moment où il quitte la voiture, j’y suis. CONJURER LA PEUR.

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toile

 

Dans le tram de la ligne 3a. Une petite fille frêle avec un gros paquet de Noël avant Noël qu’elle a du mal à tenir mais elle y tient, à le tenir, n’a d’yeux que pour sa mère, assise, fatiguée. Rien d’autre n’existe. L’enfant a les yeux charbon et des cheveux noirs idem,  longs, très longs, ils pourront bientôt lui descendre jusqu’aux pieds. Comme sa mère. Comment dire, elle ressemble à une mygale. Il y a bien un frère, un balourd qui essaie de compter dans le tableau, C’est bientôt la station ? Peine perdue. Existe pas. Juste maman mygale.

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elle et lui

 

Porte des Lilas, dans le tram, une place se libère. Il a huit ans à tout casser, elle sept trois-quarts. Ils rivalisent de fossettes. Le frère hurle à la sœur, Assieds-toi ! Mais assieds-toi ! Allez assieds-toi, quoi ! Elle se fige, consciente des yeux de tous les voyageurs rivés sur elle. Au bout d’une minute d’éternité, elle rompt le silence – Mais toi, tu es plus vieux que moi.

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