En lisant et relisant Lettres à Eugène
Y’a pas, c’est le XXe siècle qui rapplique sans prévenir, quand on s’écrivait.
Quand on s’écrivait, ça voulait dire timbres, choix des timbres, salive, petits objets plats qu’on glisse dans l’enveloppe pleine à craquer d’images, de dessins, vignettes, tickets de cinéma, de concerts, papiers de bonbons, rébus, plans, fleurs bien sûr et feuilles aux nervures estranges et taches de mûres sur le papier, taches d’amour aussi – j’ai pensé à toi hier, regarde – fraises écrasées.
Eugène envoie à Hervé une petite enveloppe elle-même enveloppée d’une autre et d’une autre encore. Hervé a peur d’une mauvaise plaisanterie, il n’y aura rien au bout du compte, ce sera une métaphore imbécile. Or, pas du tout. Eugène lui a bel et bien offert une petite chose, « la petite médaille blanche » qu’Hervé portera sur lui, en secret.
Une petite médaille blanche – rien moins.