Une fois de plus, le feu s’est déclaré dans la cuisine ; mais nous avons tous été si rapides à réagir qu’il était déjà éteint quand le pompier est arrivé – et pourtant, il est arrivé presque tout de suite ; il n’y avait vraiment rien à lui reprocher. Du coup, comme il n’avait plus rien à faire, le pompier est resté dans notre cuisine, dans sa tenue de pompier, avec interdiction de lui parler. Les jours ont passé, et nous avons toujours entre le frigo et la cuisinière ce pompier qu’il nous faut contourner pour atteindre l’évier. C’est agaçant car notre cuisine est plutôt exiguë, et nous sommes nombreux à l’utiliser ; et il reste là, bêtement, à nous regarder dans nos allées et venues, en attendant sans doute qu’un nouvel incendie se déclare.
Philippe Annocque, Vie des hauts plateaux