« Octobre m’a toujours fiché dans la détresse «
Jules Laforgue
Petites misères d’octobre in Des fleurs de bonne volonté

« Octobre m’a toujours fiché dans la détresse «
Jules Laforgue
Petites misères d’octobre in Des fleurs de bonne volonté

DES REGARDS
De qui ? “Un seul regard déclenche une passion, un assassinat, une guerre.”
***
Un ensemble d’images bonnes peut être détestable.
[…]
Une chose ratée, si tu la changes de place, peut être une chose réussie.
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GESTES ET PAROLES
La vue du mouvement donne du bonheur : cheval, athlète, oiseau.
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LE RÉEL
Il faut que les personnes et les objets de ton films marchent du même pas, en compagnons.
[…]
Films lents où tout le monde galope et gesticule ; films rapides où l’on bouge à peine.
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EXERCICES
Donner aux objets l’air d’avoir envie d’être là.
Robert Bresson, Notes sur le cinématographe (1950 – 1958)

Marion Vanderkerkhove (in Mon Jules)
Penser qu’on vivra jamais dans cet astre
Parfois me flanque un coup dans l’épigastre
Jules Laforgue
Le 20 août 1887, il y a 132 ans, nous quittait le bien-charmant, bien-aimé, bien-tout Jules Laforgue.
Il y a à peu près 5 ans, nous avions commis, mon vieux complice Xavier Brillat et moi, ce court-métrage en guise de salut fraternel et crépusculâtre. Mais je n’étais pas sûre, l’avais gardé confidentiel (mot de passe : épigastre). Et puis zut, le voilà, sinon sans reproche, du moins sans fard ni retouches.
Puis il se raisonne tout haut, en tout petit aparté.
– Ô femme, femme ! toi qui fais l’humanité monomane ! Je t’aime, je t’aime ! Mais qu’est ce mot : Je t’aime ? D’où vient-il et que sonne-t-il avec ses deux syllabes quelconques et si neutres ? Pour moi, voici ce que je m’ai trouvé. Aime ne me dit quelque chose que lorsque j’associe à ce son, et par une inspiration non fantaisiste, le son du mot britannique aim qui veut dire but. – Ah ! but, oui ! “Je t’aime” signifierait ainsi : “Je tends vers toi, tu es mon but !” Comme cela, à la bonne heure ! si j’y suis ! C’est du grand !
Jules Laforgue, Pan et la Syrinx
Nous l’avons tous été. Pas un jour sans que j’y pense. Tout m’y ramène. Que s’est-il donc passé. Je croise un vieux ronchon, une vieille chafouine et je me demande, était-elle déjà chafouine, et lui, déjà ronchon, depuis toujours ? La digne vieillarde à la voix de crécelle dans le bus – elle commente les minutes, elle nous crucifie – n’a pas toujours été comme ça. C’est pas possible. Ou alors si ?

Et nous. La plupart d’entre nous étions des timides. La bande des timides. On dit de Laforgue, timide à la limite de la timidité, qu’il avait des mines de prêtre. Et Nicolas de Staël. J’y reviens toujours. Comment étais-tu avant ? Comment étais-tu, bien avant de te jeter par la fenêtre, le petit Nicolas de Staël ?
Oranges sans pépins, poisson sans arêtes, savon sans savon. Il faudra bien, un jour, parler de ces choses.

N’est-ce pas, Jules ?
Ils vont, se sustentant d’azur !
Et parfois aussi de légumes,
De riz plus blanc que leur costume,
De mandarines et d’œufs durs.
Ils sont de la secte du Blême …
Jules Laforgue
Pierrots in L’Imitation de Notre-dame la Lune
Dress code : blanc.
Food code : blanc.
Que des aliments blancs pour ce dimanche anniversaire.
Récapitulons : Riz, tofu (caravanes de), daikon (sous toutes ses formes), béchamel (pour ceux qui aiment), mozzarella, œufs durs (merci, Jules), poires (mandarines, on n’a pas le droit enfin, Jules, réfléchis), vin blanc, lait, champagne, glace à la vanille, chantilly partout, fèves
– Hotate !!! (= coquilles saint-Jacques, j’adore)
Silence maritime. Tu sais, les hotate, depuis Fukushima… Elles traînent tout au fond de la mer, on ne sait pas très bien ce qui s’est passé. Plus jamais, non, au grand jamais, on ne donnera de hotate à manger à nos enfants.