Il était sur le point de s’endormir quand le téléphone sonna. C’était Eva Lind.
– Tu sais qu’ils droguent les gens ici, déclara-t-elle en bafouillant.
– Je dormais, mentit Erlendur.
– Ils t’assomment avec des pilules, précisa Eva. Je n’ai jamais été aussi stone de ma vie. Qu’est-ce que tu fous ?
– J’essaie de m’endormir, répondit Erlendur. Et toi, tu as encore fait des tiennes ?
– Sindri est passé aujourd’hui, l’informa Eva sans répondre à sa question.
– Tu sais où il est ?
– Il est pas chez toi ?
– Je crois qu’il est parti, répondit Erlendur. Peut-être qu’il est chez ta mère. Dis-moi, on vous autorise à passer des coups de fil à n’importe quelle heure dans cette institution ?
– Moi aussi, ça me fait plaisir de t’entendre, rétorqua Eva Lind. Pour toute information, je n’ai fait aucune connerie, ajouta-t-elle avant de lui raccrocher au nez.
Arnaldur Indradison, trad. Éric Bouty, L’homme du lac