Antoine Wauters

anTOIne

Le lieu de l’écriture est ce qui m’est le plus propre. Il abrite tout ce que je suis, c’est-à-dire aussi tout ce que je ne suis pas et tout ce que je voudrais être. C’est le musée du plus grand que soi. Les voix qui y résonnent n’appartiennent à personne.  Le nom de toute chose y a été gommé et sur ses murs mouvants se trouve ceci : « on a le droit d’être plusieurs ».

***

L’idée folle de tout type qui écrit ? Être heureux sans le secours des mots.

***

« Un pêcheur brésilien survit onze jours en mer dans un congélateur. » « Sylvester Stallone remplace le tatouage du visage de sa femme, dont il divorce, par un portrait de son chien. » « Ivre et porté disparu, un homme participe aux recherches pour se retrouver. » Le matin, je ne lis pas que des choses sérieuses.

Antoine Wauters, Le plus court chemin, Verdier, 2023

« Aux séparés »

 

« Aux séparés » – Telle est la dédicace de  Pense aux pierres sous tes pas. Voici le prélude :

Les mots que vous allez lire n’ont d’autre ambition que de témoigner de notre histoire, depuis notre enfance compliquée jusqu’aux temps de l’apaisement.

On ne nous a pas payés pour le faire.

On n’en a rien à foutre d’être payés.

On voulait le faire parce qu’on ne dit pas assez que les ombres peuvent être terrassées.

Et qu’on a tous besoin de clarté.

Si ça te laisse de glace, que tu n’es pas chaviré, comment dire, c’est que le diable, une fois encore, s’en serait mêlé ?

 

Antoine Wauters, Pense aux pierres sous tes pas, éditions Verdier, 2018