Quand je rencontre un nouveau visage, je n’ai pas de repos que je ne lui aie trouvé son animal, son homologue en physionomie dans les univers immenses de Cuvier, de Fabre ou de Linné. Ces apparentements, je ne sais pourquoi, me rassurent. J’écoute mieux un claveciniste lorsque je découvre que son jumeau zoologique est l’échassier africain dit “serpentaire”, et j’ai terminé sans problème un film qui en posait beaucoup du jour où j’ai compris que la monteuse que je voyais de profil six heures par jour était un charançon.
Nicolas Bouvier, Le hibou et la baleine